Développement d’une photo de paysage sous Lightroom

Il y a deux semaines, je vous avais fait part de ma lecture du moment :  L’intention du Photographe – Comment donner un sens à vos images en postproductionUn ouvrage qui fait la part belle au développement numérique afin de transmettre sa vision et sa sensibilité au travers de ses images.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous montrer un exemple personnel sous forme de développement d’une de mes photos de voyage. Cet auto-portrait a été pris dans les Grampians, un magnifique parc national à 250km de Melbourne. Cette réserve attire moins de touristes d’Outre-mer que la Grande Barrière de Corail ou Uluru mais j’ai été subjugué par ses montagnes en forme de vagues recouvertes d’eucalyptus.

Après une ascension d’une heure, je me suis retrouvé au sommet du Mt Sturgeon qui fourni une superbe vue sur le Mt Abrupt et l’ensemble du parc. J’ai déplié alors mon trépied pour prendre cet auto-portrait puis j’ai assis mon courage sur cet aplomb rocheux donnant sur 12m de vide.

Voici le résultat original, exposé pour garder de la matière dans le ciel mais qui a complètement sous-exposé la partie inférieure.

La photo originale : c'est terne et moche, rien de ce que j'ai ressenti cette fameuse journée !

Heureusement, la magie du RAW et du logiciel de développement Lightroom va permettre de corriger tout ça et donner vie à la scène telle que je l’ai vécue.
En premier lieu, je l’avais processée à chaud pour la diffuser sur mon blog, un peu rapidement ma fois : la scène reste sombre, noirs bouchés et ambiance un peu oppressante. Aujourd’hui j’ai envie de donner un peu plus de couleurs à ce souvenir marquant de mon périple australien.

Un premier développement à vif sur le laptop qui ne me convainc plus aujourd'hui

En repartant de l’image de base, j’ai commencé par réexposer la scène en éclaircissant les zones bouchées tout en préservant les Hautes Lumières.

Le RAW donne une latitude considérable pour rattraper les zones bouchées

Le ciel se retrouvant tout blanc, mes prochains réglages consistent à user du pinceau afin de redonner de la texture aux nuages. Habituellement je joue sur les paramètres Exposition (-1.27), Brillance (-78) et Contraste (+44). Ici je fixe aussi une valeur de Saturation, Clareté et même un ton bleu pour raviver ce ciel trop palôt.

Il est souvent approprié de sous-exposer le ciel sur les photos de paysage au moyen du pinceau ou d'un filtre gradué

La lecture de l’ouvrage de David Duchemin m’a fait prendre conscience de l’importance des détails. J’en profite pour rajouter du Contraste et de la Clareté à mon jeans et j’éclaircis par la même mes chaussures de marche.

Le soucis du détail permet de faire ressortir subrepticement les éléments importants de l'image

Je trouve également que les arbres manquent de peps et les montagnes sont trop diffusent sur l’horizon. Un nouveau coup de pinceau augmente le Contraste de ces éléments

Avant je n'utilisais le pinceau qu'occasionnellement. Maintenant j'en abuserais

Pour terminer, j’ajoute un léger Vignetage pour une meilleure immersion dans l’image et je corrige les Abberations Chromatiques au passage.

J5 / Auto-portrait : Livin' On The Edge

Voici le résultat final retranscrivant l’atmosphère du lieu tel que je l’ai vécu. En regardant cette image, je me replonge cette fameuse journée en mai passé où je suis resté fasciné par ce paysage de roche et de broussailles, où je me suis mis au bord de l’abysse de ma vie, emprunt de solitude et d’allégresse.

8 réflexions sur “Développement d’une photo de paysage sous Lightroom

  1. J’ai un pote qui soutient fermement qu’une photo doit être magnifique sans post traitement, que le post traitement c’est pour ceux qui font de moches photos.
    Mais y a rien à faire, brutes de capteurs mes photos sont plates, moches, sans réel attrait. Mais dès lors qu’on y apporte quelques retouches de couleurs, elles sont sublimées ! Tu en fait le parfait exemple avec cet article
    Félicitations !
    Je te suis depuis ton « 100 jours, 100 photos » et je dois dire que j’aime vraiment ton style !
    Continue comme ça !
    Flo (http://www.flickriver.com/photos/61222921@N05/)

    • Merci Flo,
      J’aime dire que je fais un développement au même titre qu’il faut développer un négatif en argentique, mais que ce n’est ni de la retouche, ni de la manipulation. Et ceux qui affirment que ce n’est plus la réalité, est-ce qu’un daltonien ou un myope voient la même réalité que toi ?

  2. Ce débat, pour ou contre le PT, me paraît faussé à la base. Ce qui importe à mon sens, c’est de retranscrire le réel en le rendant accessible au plus grand nombre. Comme tu le signales, ton image de base est terne et ne permet en aucun cas au spectateur de saisir ce que tu as pu ressentir au moment de déclencher. Or, c’est précisément ce ressenti qui est le sujet de ton image. Dès lors, retravailler cette image devient nécessaire. De la même manière, on retravaille la syntaxe ou le style d’un texte pour le rendre apte à véhiculer l’émotion. Ici, négliger la postproduction reviendrait, pour une écrivain, à se contenter de jeter du lexique sans se soucier de la syntaxe. Pour ma part, je suis partisan de ne jamais tricher avec le réel. Cela signifie que je n’ajouterais ou ne retirerais aucun élément du réel. En revanche, j’utiliserai tous les moyens à ma disposition pour lui permettre de manifester et de partager ma vision de base. A cet égard, ta démonstration est tout à fait convaincante. Petit bémol personnel : je désaturerais un chouïa le personnage pour le fondre davantage dans le décor. Mais ici, il s’agit de ma vision subjective de ta propre subjectivité. Le travail réalisé sur le détail du paysage est tout à fait somptueux. Bref ! Tu m’aurais pleinement convaincu… si je n’étais pas déjà moi-même un maniaque du pinceau.

    • Pourquoi est-il faussé ? Certains se figurent retranscrire la réalité en laissant l’image telle qu’elle a été prise tandis que d’autres cherchent à transmettre un ressenti plus personnel à leur image en la retouchant. Cependant, quelle différence sur l’image entre enlever un papier gras en post-traitement de le ramasser ? Et ensuite où est la limite, distorsion, aberrations chromatiques, recadrage, poussières, coups de tampon ou maniement du pinceau ?

      • Je me suis sans doute mal exprimé, parce que nous sommes d’accord. Le terme « faussé » se rapportait au débat. Je suis parfois scié de constater l’intransigeance des uns ou des autres dès qu’il s’agit de l’évoquer. Personne ne se permettait de questionner à ce point les techniques de développement à l’époque de l’argentique. Or celles-ci pouvaient être tout aussi pointues que le post-traitement numérique. Pour ma part, j’utilisais déjà tout une panoplie de filtres, de caches, voire de calques sur l’agrandisseur. De même, lorsque j’écris un texte, j’use de tout une gamme de techniques littéraires… qui au final font la différence entre un roman et l’annuaire téléphonique. La photographie est un langage : elle implique donc nécessairement un choix et une subjectivité. Quant à l’idée de « retranscrire le réel », elle est tout aussi faussée à mon sens, puisque dès qu’il y a communication il y a déjà interprétation. Le cadrage que tu choisiras est interprétation. La manière de développer le raw ou le fait d’opter pour le jpeg est encore interprétation. Idem la pdc, le temps de pause etc. Du coup, il y a une part de mauvaise foi – de fausseté – selon moi à prétendre qu’une image non traitée est plus propre à représenter le réel. Bref ! Je dirais que chacun a parfaitement le droit de retranscrire le réel comme il l’entend. L’essentiel est de demeurer cohérent avec soi-même et avec les émotions que l’on veut transmettre.

  3. Pingback: Post processing, the memories of my eyes or the memories of my guts? | Architecture Photography in Auckland

  4. Excellent article et excellente illustration. C’est toujours intéressant de voir le processus qui transforme une photo banale en quelque chose de plus fort!
    Concernant le sujet, c’est un débat passionnant! Je suis complètement d’accord avec toi, pour plusieurs raisons! Premièrement, je considère que lorsqu’on fait de la photo, c’est pour partager des souvenirs, comme tu l’as également souligné! A quoi bon partager une photo terne et sans contraste? Les gens qui prétendent que nous faussons la réalité en retouchant les photos se trompent, car tant que la technologie n’aura pas atteint la performance du groupe œil humain + cerveau, il nous sera impossible de saisir la réalité telle que nous la voyons (absence de constrastes, couleurs bouchées, etc.). C’est donc une photo brute de capteur qui est un mensonge au spectateur!
    Après, il y a d’autres personnes qui vont plus loin que juste retrouver l’image qu’ils avaient en tête, et qui en font une œuvre d’art, qui va au delà du contenu de la photo. Là, c’est autre chose, mais les gens qui se focalisent là dessus pour dire que la retouche fausse la réalité se trompent! C’est comme dire aux impressionnistes qu’ils ont faussé la réalité dans leurs peintures, ça n’a pas de sens puisqu’ils ne cherchent pas à transmettre la réalité, mais l’impression qu’on en a….

    Pour ceux qui veulent aller plus loin, en anglais: http://architecturalphotographies.wordpress.com/2011/09/18/post-processing
    et http://dennisguichard.wordpress.com/2011/09/07/you-get-what-you-pay-for/

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