L’Irlande, de Dublin à Galway

Les landes du Connemara

Au moment où je commence le récit, nous sommes déjà au 4ème soir de ma semaine de vacances en Irlande et une fois encore la nuit sera courte. Sauf que cette fois je m’apprête à dormir dans la voiture que j’ai louée à un prix astronomique aujourd’hui.
Tiens, ça me rappèle toutes ces nuits à dormir dans mon van en Australie dans des lieux atypiques, voire carrément glauque. Sauf que ce soir, même avec vue, le siège passager d’une Yaris ne vaut pas le King Size bed de mon vieux White Wombat Mobile

Jour 1

Tout avait bien commencé, le samedi précédent. La veille, j’avais eu un souper avec mes vieux camarades d’école, 10ans que je ne les avais pas revu. Alors samedi je m’étais levé après 4 petites heures de sommeil pour aller prendre le premier train qui m’amènerait à Zurich Aéroport. J’étais un peu angoissé car je n’avais qu’une heure et quatre minutes entre l’arrivée du train en gare et le décollage de mon avion à destination de Dublin. Mais je dois dire que le service à l’aéroport s’améliore : en fait il m’a fallu moins de 20 minutes pour trouver le comptoir de la compagnie, déposer mon bagage en soute, passer la sécurité et passer dans la zone d’embarquement. L’avion était pile à l’heure.

En début d’après-midi, je retrouva mon amis Aaron à Athlone. Aaron est un Canadien ayant étudié l’horlogerie en Suisse et qui exerce maintenant en Irlande. Et sa passion pour la photo égalant la mienne, on était promis à quelques bons clichés.
Le planning était de tirer à l’ouest pour choper le coucher de soleil aux fameuses Cliffs of Moher, de vertigineuses falaises qui plongent droit dans le Pacifique après 200m d’abime.
En arrivant sur place en début de soirée, le vent avait fait fuir la majorité des touristes. La promenade était sympathique et s’étirait le long de la falaise, mais j’étais quand même un peu déçu par le point de vue proposé. Or à 20 mètres en contrebas du sentier, une table rocheuse s’élançait dans le vide. Alors contre toute recommandation, on a enjambé le muret pour descendre y jeter un oeil.

Spectaculaire.

Vue imprenable sur les Cliffs of Moher

Au bord du précipice, on avait vue sur l’entier de la falaise qui se découpait en rythme sur la gauche, tandis que sur la droite un rocher couvert de mousse d’un vert vif avançait dans la mer, un château surplombant l’abime (à voir en grand sur 500px). Il parait que des gens se tuent chaque année aux Cliff of Moher, par désespoir ou par inadvertance, même si dans rangers patrouillent régulièrement. Heureusement pour nous, la roche était sèche, le vent modéré et prudence est mère de sûreté. On resta là presque deux heures le temps de se régaler du soleil couchant.

La nuit tombée, on s’est mis en quête de notre accommodation, le Burren Hostel. Le Burren est le nom de la région où nous nous trouvions et recèle un riche passé néolithique : les ruines de châteaux, d’église et de cimetières sont légions et se découvrent à chaque contour. En passant devant un vieux château au cachet inestimable, on a vu le signe du Burren Hotel. Wahou on s’est dit, grand luxe ! Mais l’hôtesse d’accueil n’avait pas notre réservation, et pour cause : on était dans un Hostel et non pas à l’Hôtel. Qu’importe, on a déniché notre demeure un peu plus loin sur la route avant d’aller boire notre première Guinness dans un vieil Irish Pub bondé.

Jour 2

On a mis le réveil à 5h30 un dimanche matin. On a décidé d’aller dénicher un vieux dolmen plus âgé que la pyramide de Kehops pour le lever du soleil. C’est les yeux encore collés qu’on trouve l’édifice. Mais il est tout petit ! Il parait tellement majestueux en photo qu’on croirait pas qu’il culmine à 1m80 au garrot. Mais la magie de l’aube opère et on repart avec un beau souvenir des lieux.

Le Dolmen de Poulnabrone dans le Burren

Après les toasts, on charge la voiture en direction du Connemara. C’est à Galway que tombent les premières gouttes du voyage, rien de bien méchant.
On a tous les paroles des lacs du Connemara en tête pour l’avoir étrillé en karaoké, n’est-ce pas ? Ben ça y est, des dizaines de lacs se nichent aux creux des vallons les plus dramatiques du pays. Mais parlons plutôt de cette cascade, dont le cours d’eau se jette dans le Pacifique. Sur sa rive gauche se trouvait deux pêcheurs, un père et son fils, maniant la mouche avec dextérité. Puis c’est là que j’ai vu mon premier saumon sauter hors de l’eau. James, le fils m’expliqua que les poissons remontaient la cascade, qui devait faire dans les 3 mètres de dénivellé, pour aller frayer plus en amont. Ils étaient là depuis deux jours mais ils n’avaient encore rien pêché. En plus le temps n’était pas très favorable, les poissons étaient plutôt farouches… Sitôt la complainte lancée, le fil commença à se tendre. Le poisson était ferré.
Trois minutes plus tard il ramenait un saumon de 60cm dans l’épuisette. Un petit, qu’il me dit, mais suffisant pour faire son bonheur.

James vient de ramener son premier saumon

Le soir, c’est une Irlandaise dans son Bed & Breakfast à Westport qui nous accueilli et au souper on mangea des produits frais de l’océan dans un pub huppé : un Irish pub mais avec des tables cirées, des couverts soignés et des serveuses plutôt jolies, selon les critères locaux.
En passant en ville, on a vu une file qui s’étendait à perte de vue, serpentant entre les vieux bâtiments en maçonnerie. Un enterrement. On est repassé deux heures plus tard, la procession était toujours aussi longue.  Je souhaite à tout le monde d’avoir un tel hommage à son enterrement.

Jour 3

Aujourd’hui on a continué notre visite du Connemara. Le plafond était bas et les gouttes tombaient pas intermittence. On s’est simplement baladé le long des collines pour y découvrir moutons, vieilles barques et mûres sauvages avant de prendre la route du retour.

Les Irlandais aiment visiblement laisser trainer leurs vieilleries

Parlons-en un peu des routes : tout d’abord, conduite à gauche. Les autoroutes ressemblent à nos autoroutes mais ce sont les routes secondaires qui changent. Elle paraissent plus étroites, mais ce n’est pas le problème. Ou ça coince (façon de parler), c’est que souvent il y a un muret de pierres de chaque côté mesurant entre 1m et 1m20. Ils ont tellement de pierre dans les champs qu’il faut bien en faire quelque chose, alors ils murent les routes. Mais avec le climat local, les murs viennent recouverts de lierre, d’arbuste, d’arbres et de végétation de toute sorte. Ajoutez à cela des virages et une limitation à 100km/h et vous vous rendrez compte que ce sont des kamikazes !

Heureusement que le pays est suffisamment petit pour rallier facilement ses destinations.
Alors de retour à Athlone, on a visité le patron d’Aaron qui fabrique ses propres montres puis nous a indiqué un endroit où nous pourrions trouver une ruine sympa à visiter.

Effectivement, à 10km de là un vieux bâtiment était planté dans un champs. Vieux… peut-être pas pour les critères de l’Irlande. C’était un genre de grande résidence en béton sur deux étages, sauf que tout le plancher de l’étage s’était écroulé, ainsi que le toit. A l’intérieur, la végétation avait colonisé le lieu : des arbres de bonne taille poussaient au milieu des pièces, le lierre courrait le long des murs et le sol était un mélange d’humus et de gravas. Après inspection des lieux, nous décidâmes de retourner de nuit pour faire quelques photos en pose longue. Alors on a quadrillé la campagne pour trouver un spot photo pour le crépuscule, et boire une Murphy’s dans un bar complètement perdu, quoique toujours bien fréquenté.

De retour à la nuit tombée dans la ruine, j’ai posé le trépied avec en tête l’idée de faire la photo pour notre prochain défi Strobi « Peur dans la nuit« . Au programme, un mélange de Strobism et de fantômes en Lightpainting. Alors que j’étais aux préparatifs, Aaron vadrouillait hors de vue dans le bâtiment.
Quand soudain, dans l’embrasure de la porte au second étage, la silhouette d’un homme se découpa du fond nocturne.
Le type était grand, sec, tenait un bâton ou une canne fermement en main mais se tenait coi, scrutant attentivement la pénombre. J’étais en contre-bas, l’observant à mon tour. Je ne sais pas s’il me voyait dans le noir, mais j’ai commencé à appeler mon camarade : « Aaron… there is someone. Someone up there… » et lui, il commença à flipper, pensant qu’on le traquait dans le noir…

La vieille ruine abandonnée où on s’est fait surprendre

Jusqu’à ce qu’enfin, l’homme prit la parole d’une voix sèche. Le propriétaire – bien vivant – des lieux. Il venait s’enquérir de ce qu’on foutait dans sa baraque de nuit… Il releva nos noms, demanda ce qu’on faisait dans la vie et quel était le motif de notre présence. Il était particulièrement méfiant car il s’était fait cambriolé deux semaines auparavant. Je n’aurais jamais imaginé, mais l’Irlande est aussi en récession et la criminalité est en pleine augmentation.
Quoiqu’il en soit, on a pu terminer notre photo tranquille dont vous pourrez admirez le résultat à priori le 19 septembre sur Strobi.fr

En rentrant, à minuit passée, éreinté et ayant manqué la fermeture du dernier fast food pour 10min, j’ai relevé le mail m’annonçant l’annulation de la réservation de mon véhicule pour le lendemain 8h…

L’Irlande en 13 points

Premier soir, déjà mémorable avec le couchant sur les Cliffs of Moher

Voila presque une semaine que je suis rentré d’Irlande et je sens qu’il me faudra quelques jours supplémentaires avant de publier le récit complet.

Alors je vous fais un rapide résumé pour vous tenir alléché :

L’Irlande ça été

    • 7 jours de voyage
    • 1474 km de voiture
    • 264 km de bus avec wi fi (en panne)
    • 691 photos
    • une douzaine de Guinness, Murphy’s et autres Bulmers
    • 2 couillonades pour la location de la voiture dont 554€ pour 3 jours et demi de location
    • 7 nuits dans 6 lieux différents, y compris dans la voiture et un Irish pub
    • 1 seule nuit plus longue que 8 heures
    • 1 amende de 90£
    • 1 objectif de cassé
    • L’explorations de vieilles ruines dont des châteaux, des églises et des cimetières
    • Se faire surprendre, de nuit, dans une ruine, par le vieux propriétaire, armé et menaçant
    • Des souvenirs pour la vie

Ci-dessous, l’itinéraire sur 7 jours : en bleu, la route avec mon ami Aaron, en rouge mon itinéraire perso.

Je vous promets le récit complet très vite !

R_

ITW // Le collectif je shoote RAW

Allez une spéciale sur le blog, on accueille pas un photographe ce soir, mais 13 d’un coup ! Ils font partie du collectif « Je shoote RAW » qui réuni une foule hétéroclite de talents, chacun avec son style et son humour. C’est parti je leurs cède le micRAW :

Allfortof

Age : 36ans…déjà !

Pratique la photographie depuis : 3 ans

Amateur ou Pro : Amateur

Spécialité : Paysage, Archi, Paris est mon terrain de jeu préféré

« Tu la veux celle la ? » faite lors des 7 semaines de mauvais temps sur Paris… Je cherchais un truc original pour ma photo de profil, j’ai un côté moqueur, et un côté gueulard…on va mettre ça sur la même photo tiens !

Si j’ai bien compris, tu est le fondateur de Je Shoot RAW. Veux-tu nous bien expliquer la genèse du collectif ?

J’ai pris l’initiative de créer ce groupe car j’en avais marre tous les jours de chercher les nouveaux post de mes coupains. Je me suis dit :

– Tu as plusieurs détraqués dans ton entourage, fous de photos, avec un style bien à eux, perchés comme moi, mais avec une patte perso, leur goût bien défini, reconnaissables ! Pourquoi pas leurs proposer un mélange des genres et poster nos exclus au même endroit, préparer des shooting ensemble, s’entraider pour la technique, la retouche, et bien déconner tout simplement ?

Nous étions 9 le 1er jour et avons estimé que certains manquaient à l’appel, et avons clôture notre dossier à 13 ! Chiffre culte pour beaucoup, qui ne représente rien de précis pour nous si ce n’est que nous resterons quoi qu’il arrive liés comme les 13 fous de raws que nous sommes. Pas de nombrilisme, pas de chef, pas de prise de tête. Beaucoup de franchise dans nos critiques, ce qui nous permet à tous de progresser et de nous remettre souvent en question. Des sorties à 5h du mat pour croiser un lapin sur les quais de Seine, ça n’a pas de prix ! Lire la suite

ITW // Les Montréalais Benjamin Von Wong et Erwan Cloarec

Desert Queen

J’ai le grand plaisir d’accueillir en interview les Canadiens Benjamin Von Wong et Erwan Cloarec. Ayant eu la chance de les rencontrer en mai dernier à Paris, je voulais à tout prix les passer à la moulinette des questions. Même s’ils n’ont eu le temps de donner suite à ma requête qu’à leur retour à Montréal, ils ont réussi à prendre quelques minutes dans leur agenda surchargé entre mariage, montage, post-traitement et autres occupations. Merci à eux deux, parce que ce sont quand même des types géniaux !

Salut Erwan, qui es-tu ?

Salut, je m’appel Erwan Cloarec, je suis Franco-canadien. 24 ans. Je suis en train de finir un Bachelor en Sciences politiques et Histoire à l’Université de Mcgill à Montréal.

Ta passion pour la vidéo, comment es-tu tombé dedans?

J’adore le cinema et les arts visuels. Ce qui m’attire, c’est la possibilité de raconter des histoires et rassembler des émotions. J’ai vraiment commencé à faire des vrais projets video quand j’étais au lycée. Avec un ami on a fait un court-metrage : ‘‘Le jour de la Masse » dont la production a duré presque un an (écriture, réalisation et montage).
C’était très amateur, mais chaque plan était réfléchis dans un contexte pseudo- philosophique :D. Après ce film j’ai réalisé qu’il fallait que je continue à raconter des histoires à travers le médium de la camera.

Aujourd’hui je me considère toujours amateur, mais j’essaye de rendre un travail plus propre et professionnel.

Est-ce que c’est un hobby plus accessible ou plus ardu que la photo ?

Accessible, oui absolument. Si on parle d’un point de vue matériel, on a pas besoin de débourser des fortunes. Grace à la révolution HDSLR, on peut maintenant faire de la video très pro avec un entrance level camera si on sait comment exploiter son potentiel.

La question touche plutôt l’approche créative. Et à ce niveau la photo et la video ne sont pas comparable :
Je vois ça comme ça: la photo et la video sont deux manières distinctes de raconter une histoire. Un peu comme l’eau est capable d’être vapeur et glace, la photo c’est un peu comme la glace, et la video c’est la vapeur. Ils ont tout les deux les mêmes propriétés pourtant sont indéniablement unique dans leur mouvement dans l’espace.

J’aime faire des films car je suis constamment mis au défi créativement. Que ce soit avant le film, pendant que je filme ou après lors du montage. Je suis constamment en train de me poser la question, ou est l’histoire, ou est l’histoire, ou est l’histoire? 

C’est fantastique car il y a une myriade de manière de raconter une histoire et en même temps c’est difficile car on ne sait jamais si on a réuni tous les éléments nécessaires.

La video c’est 100% préparation et en meme temps 100% improvisation.

This world of mine

A toi Ben, dis-moi quand et pourquoi tu es venu à la photographie ?

Je suis tombé dans la photo un peu par hasard… Je travaillais dans les mines de Nevada comme ingénieur et durant ce temps j’ai eu un beau p’tit breakup avec une jolie demoiselle… Je me suis dit que si je ne me trouvais pas un bon passe-temps, j’allais virer fou. En me demandant ce que j’allais faire j’ai eu l’idée de prendre des photos des étoiles et je me suis pointé au Wal-mart du coin pour m’acheter un Point & Shoot … that was in November 2007. Lire la suite

Des mises en scène lugubres pour Strobi…

Salut mon joli, tu t’es égaré ?

Voila déjà 3 mois que le collectif Strobi vous livre son regard -multiple, une douzaine de photographes quand même- sur les thèmes que vous choisissez.

Je voulais revenir sur deux des derniers thèmes, 1 seul flash et Destroy, que j’ai abordé avec un regard sombre. Effectivement, avec pour contrainte de n’utiliser qu’un seul flash, j’ai eu deux idées : dupliquer mon sujet en pose longue comme mon célèbre Beach Fighters, ou alors découper mon sujet avec un éclairage à contre-jour. Pour finir, j’ai choisi un peu des deux solutions. Lire la suite